Budget Transport 2026 : La Méthode Data pour en finir avec le 'Doigt Mouillé'

L’exercice de la boule de cristal

Nous sommes en décembre. Votre DAF (Directeur Administratif et Financier) vient de vous envoyer le fameux email : “J’ai besoin de ton atterrissage 2025 et de ton budget 2026 pour vendredi.”

C’est souvent le moment le plus angoissant de l’année pour un Directeur Supply Chain. Pourquoi ? Parce que le budget transport est l’un des plus volatiles de l’entreprise. Il dépend du prix du pétrole, de la géopolitique, de la météo et… des ventes que les commerciaux n’ont pas encore signées.

La tentation est grande de prendre le réalisé 2025 et d’ajouter une louche de sécurité (“Allez, +6% et on croise les doigts”).

C’est une erreur. Dans un contexte où les marges se tendent, le budget ne doit pas être une estimation, mais une construction logique. Voici comment le bâtir en 4 étapes data-driven.

Étape 1 : La Baseline (Le rôle de Cockpit)

On ne peut pas projeter l’avenir si on a une vision floue du présent. Avant de penser à 2026, utilisez Cockpit pour “nettoyer” 2025.

Un tableau de bord logistique efficace vous permet de filtrer :

• Les flux exceptionnels : Ce camion dédié payé 3000€ pour éviter une rupture en mars ? C’est un coût “Spot”, pas du structurel. Il faut l’exclure de la base de calcul.
• Les anomalies de facturation : Si votre contrôle facture a identifié 2% d’erreurs cette année, ne les budgétez pas pour l’an prochain. Partez du coût “nettoyé”.
• L’effet “Année pleine” : Si vous avez changé de transporteur en juin, votre Cockpit doit vous permettre de simuler ce que cela aurait coûté sur 12 mois.

Votre budget ne doit pas être basé sur ce que vous avez payé, mais sur ce que vous auriez DÛ payer en fonctionnement normal.

Étape 2 : Traduire le Business Plan en “Langue Transport”

C’est souvent là que le dialogue avec la direction commerciale échoue. Le directeur commercial vous dit : “On vise +15% de CA l’an prochain !” Si vous budgétez +15% de transport, vous avez probablement tort.

Il faut traduire ce chiffre d’affaires en Unités d’Œuvre :

• Croissance volume ou valeur ? Si les +15% viennent d’une hausse des prix de vente (inflation), votre budget transport ne bougera pas (le camion s’en fiche du prix de votre produit).
• Changement de Mix-Produit ? “On lance une gamme de meubles de jardin”. Attention : produits volumineux = explosion du poids volumétrique. Le coût transport va augmenter bien plus vite que le CA.
• Expansion géographique ? “On ouvre l’Italie”. Le coût au colis sera double de celui de la France.

Conseil : Ne demandez pas le CA prévisionnel. Demandez le nombre de commandes et les zones cibles.

Étape 3 : La Simulation Tarifaire (GRI & Surcharges)

C’est la partie technique. Vos transporteurs vont vous annoncer leurs GRI (General Rate Increase) pour 2026, souvent entre 3% et 6%.

Mais attention aux coûts cachés :

• Le Gazole : Quelle est votre hypothèse pour le Brent en 2026 ? Une variation de 1% du pied de facture gazole peut représenter des milliers d’euros.
• Les Taxes Environnementales : La taxe ETS (Maritime) ou les nouvelles taxes carbone routières vont-elles impacter vos lignes ?
• Les Seuils : Vos nouveaux volumes vous font-ils changer de tranche tarifaire (remise de fin d’année ou RFA) ?

C’est ici qu’Excel montre ses limites. Simuler l’impact d’une hausse de 4.5% sur la grille de base + une variation gazole + un changement de zone sur 50 000 lignes d’expédition est un enfer pour un tableur. C’est pour cela que nous utilisons des simulateurs de flux.

Étape 4 : L’approche par Scénarios

Ne donnez jamais un seul chiffre à votre DAF. Donnez-lui une fourchette. C’est la preuve de votre maîtrise des risques.

Présentez 3 hypothèses :

1. Low Case (Budget plancher) : Croissance faible, pétrole stable, tarifs négociés serrés.
2. Base Case (Le plus probable) : Votre cible.
3. High Case (Risk Management) : Croissance forte sur des produits volumineux, flambée du gazole, échec des négos tarifaires.

Cela permet de dire : “J’ai besoin de 1.2M€, mais si le pétrole dépasse 90$, on sera à 1.3M€”. Vous ne subissez plus, vous prévenez.

Conclusion : Du “Coût” à l’Investissement

Construire son budget avec cette rigueur permet de changer la nature de la discussion. Vous ne venez pas demander de l’argent pour payer des camions. Vous venez présenter le coût de revient logistique nécessaire pour soutenir la croissance de l’entreprise.

C’est la différence entre un Responsable Transport qui “gère les factures” et un Directeur Supply Chain qui “pilote la performance”. Et pour piloter, il faut les bons instruments. Si vous voulez simuler vos flux 2026 sur nos outils, contactez-nous.